Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/219

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pivot ne s’alonge pas beaucoup.

Toutes les fois que la radicule ou pivot est rompue, elle pousse latéralement des chevelus qui constituent ensuite les maîtresses racines. Tant que la radicule subsiste intacte & qu’elle trouve un bon fond, elle s’enfonce perpendiculairement, de sorte qu’il en proviendra un jour un arbre, dont la tête, en me servant de l’expression de la Fontaine, au ciel sera voisine, dont les pieds toucheront à l’empire des morts.

Faut-il sarcler les semis de leurs mauvaises herbes, les faut-il travailler ? Le pour & le contre est soutenu par différens auteurs. Les mauvaises herbes couvrent de leur ombre les jeunes plants, & les défendent de la trop forte activité du soleil ; je conviens de ce fait. Si les mauvaises herbes n’ont que des racines chevelues, & par conséquent peu profondes, elles nuiront moins que les plantes à racines pivotantes ; les premières absorbent seulement les sucs de la superficie de la terre, tandis que les autres poussent & végètent en grande partie aux dépens des sucs de la couche inférieure, & ces sucs sont précisément ceux dont le pivot du gland a le plus grand besoin. Un chêneau de six pouces de hauteur a souvent un pivot de dix-huit à vingt-quatre, suivant la nature du sol. Je sais encore que dans certains endroits on sème du tremble & autres bois blancs parmi le gland, afin de le conserver pendant les premières années. Quant à moi, si ma position me permettoit de semer une forêt, je suivrois la méthode indiquée en parlant du châtaignier. (Voyez ce mot) Elle facilite le labourage de temps à autre, & il en résulte une différence étonnante entre une chênaie livrée à elle-même après le semis, & celle travaillée pendant les cinq ou six premières années. C’est de cette époque que dépend la beauté de chaque pied. Comme on a semé fort épais & par rangées, la charrue ne déracine & ne meurtrit pas les jeunes plants ; la couche de terre bien ameublie, reçoit & absorbe les précieuses & salutaires influences de tous les météores ; (voyez le mot Amendement) enfin, la végétation est prompte & rapide. Les jeunes tiges étant rapprochées, elles s’élancent avec force en ligne perpendiculaire, & on a la facilité d’arracher, de temps à autre, les surnuméraires, sans nuire aux tiges voisines. Enfin, on a la liberté de former une forêt plus ou moins fourrée & garnie d’arbres, & de proportionner leur nombre en raison de la force nourricière du grain de terre.

Si, au lieu d’une forêt, on se propose la formation des taillis, cette méthode est la plus avantageuse, puisque l’on peut, à volonté, disposer les cépées. (Voyez ce mot)

II. Du Semis en Pépinière. Pour éviter des répétitions inutiles, voyez ce qui a été dit aux mots Abricotier, Amandier.

Il est constant que si le terrein en est bien préparé, bien fumé, on aura de très-beaux sujets pour replanter ; mais est-ce là le seul but à se proposer ? La surabondance des soins, de nourriture, &c. leur sera préjudiciable lorsqu’ils seront livrés à eux, après la transplantation dans un terrein peut-être maigre, de médiocre qualité. Cette délicatesse d’éducation les rendra languissans pendant plu-