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curer de bons abris, il faut les préférer à toute autre position.

Les choux semés en octobre, & replantés en mars ou en avril, se hâtent souvent de monter en graine ; les chaleurs du printemps les pressent trop ; & les irrigations, même les plus répétées, ne modèrent pas toujours leur impétuosité. Il vaut beaucoup mieux retarder les semailles, & attendre le mois de novembre, pour les replanter en mars. Si on a de bons abris, & assez de fumier de litière pour faire des couches, on peut semer en janvier, & replanter dès que les tiges ont cinq à six feuilles. Tant que la plante est en pépinière, elle exige d’être préservée des gelées.

On forme des carreaux entiers avec ces choux, & on les plante à la distance de deux pieds l’un de l’autre, sur un des côtés de l’ados du sillon. Au mot Irrigation, je décrirai la méthode de tracer les sillons, parce que, sans leur secours, on ne sauroit arroser. L’autre ados du sillon est garni par des salades & autres menues herbes, qui ont le temps de compléter leur végétation avant que les feuilles du chou puissent leur nuire par leur ombrage, & les priver des bienfaits de l’air. Si on le peut, il convient de replanter pendant des jours pluvieux, malheureusement trop rares dans ces provinces, lorsque l’hiver a terminé son cours.

On laisse communément à demeure, & pour monter en graine, les choux placés à l’extrémité du sillon, opposée à celle par où l’eau entre. Comme cette extrémité est fermée, & que l’eau ne sauroit aller plus loin, l’écume, l’engrais, entraînés par l’eau de l’irrigation, s’y rassemblent, & le chou est ordinairement le plus beau. Si on ne prend pas ce parti, on laisse un rang à la tête, ou à l’extrémité du carreau ; de manière qu’aussitôt que la récolte des choux est finie, on peut travailler tout de suite la terre du carreau, & la couvrir de nouveaux plants, ou la semer. D’autres transplantent quelques-uns des plus beaux pieds, afin de garnir entièrement les carreaux ; ils les mettent dans un lieu abrité. Les froids du mois de février 1782, qui ont fait beaucoup de mal aux oliviers, n’ont nullement endommagé les choux destinés pour la graine. L’intensité du froid a été de sept degrés.

Dans les environs de Paris, on sème le chou cabus en août, & on le plante en octobre, dans un lieu à l’ombre, où il passe l’hiver, en le garantissant des effets des gelées, ainsi qu’il a déjà été dit plus haut ; mais si la gelée les surprend avant qu’on ait pu les en garantir, il faut attendre que le soleil les ait fait dégeler, & on les couvre ensuite. On leur donne de l’air quand on le peut, &c.

On replante ce chou en mars, à deux pieds ou deux pieds & demi de distance en tout sens : on commence à en manger au mois d’août, & sa pomme ne se conserve pas longtemps. Si on sème en mars, la pomme du chou cabus sera bonne en septembre, octobre & novembre.

Tous les choux pomme, en général, ont une tendance à crever ou à se fendre : dès-lors la pluie pénétrant dans l’intérieur de la pomme, la fait pourrir. L’expérience a démontré aux maraîchers, qu’avec un peu de soins, il est possible de