Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/696

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du même côté, jusqu’à la pointe du talon, & en revenant de l’autre côté de la même manière.

8°. Le pied étant ainsi préparé, on abat le cheval, (voyez Abattre) ou bien on le met dans le travail, après quoi on lui lève le pied, & on lui passe une corde dans le paturon. Le maréchal prend alors le boutoir, dont il enfonce la cornière entre la muraille de la sole. Au lieu du boutoir, l’artiste qui a de la sûreté & de la délicatesse dans la main, peut se servir du bistouri, en le tenant du pouce & du doigt indicateur, en appuyant les autres doigts sur les bords de la muraille, en frappant à petits coups redoublés & suivis la lame de cet instrument, en observant sur-tout de ne point déranger les doigts, qui servent de point d’appui, de crainte d’enfoncer trop le bistouri dans la chair cannelée, & en suivant la sole dans toute sa circonférence, pour la séparer de la muraille.

9°. La sole entièrement séparée, il faut prendre le lève-sole ; cet instrument n’est autre chose qu’un morceau de fer plat, allongé & applati par le bout. On l’introduit entre la sole de corne & la sole charnue, en commençant par la pince, & en évitant sur-tout de déchirer la sole charnue.

10°. La sole de corne dégagée de la sole charnue d’environ un pouce d’étendue, on doit tenir le lève-sole d’une main, saisir de l’autre des tricoises un peu usées, & les introduire entre les deux soles, pour soulever la première, c’est-à-dire, la sole de corne.

11°. Cela fait, on remet le leve-sole, & on travaille à détacher la sole, en commençant par un côté, & en la renversant sur la fourchette. C’est pour opérer le renversement de la sole sur la fourchette, que nous avons indiqué ci-dessus d’amincir cette partie, en parant le pied, parce que si on lui laissoit la même épaisseur dans cet endroit, il seroit difficile à l’artiste de renverser les tricoises sur la fourchette, & il se verroit dans la nécessité de suspendre l’opération, pour parer de nouveau la sole dans cet endroit.

12°. La sole une fois détachée, on se met en arrière du pied du cheval, & on tire en droite ligne la sole.

13°. La sole enlevée, on reprend le boutoir pour ôter le reste de corne qui se trouve attachée à la muraille.

14°. L’opération achevée, on ôte la ligature qu’on avoit mise au paturon, on attache le fer, & on met l’appareil, en observant de ne pas faire une trop grande compression sur la sole, ce qui occasionneroit la gangrène.

15°. Le maréchal doit choisir suivant le genre de mal qui a exigé la dessolure, les médicamens qui doivent être appliqués sur la sole. Dans le cas, par exemple, où le cheval auroit été dessolé relativement à la sécheresse du pied, ou à la compression sur la sole, sans qu’il y eût plaie, il doit panser à sec, c’est-à-dire, se contenter d’appliquer seulement des étoupes sèches, & laisser l’appareil cinq à six jours sans le renouveler. Dans les cas de plaie, il faut panser la sole toutes les vingt-quatre heures, avec un mélange d’eau-de-vie & de vinaigre, ou avec des plumaceaux imbibés d’essence de térébenthine ; mais si c’est par rapport à un clou de rue, il faut, au contraire, mettre l’appareil tout autour de la sole charnue, en finissant de le poser dans l’endroit du clou, afin de n’être pas obligé de