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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

L’enterrèrent moult hautement,
Et clerc et lai communaument
Dieu et sa mère de cuer fin
Glorefièrent de sa fin ;
Car il vint moult à bone fin[1].
Cis miracles n’est pas de fables,
Ainz est si vrais et si estables
Qu’an sainte Eglise est recéuz
Et en maint haut covant léuz[2].
A oïr est moult déliteus
Et s’est moult doz et moult piteux
Por péchéor réconforter.
Nus ne se doit desconforter
Pour nus péchié dont il se doille,
Pour que servir et amer veille
Nostre-Dame seinte Marie ;
Ne nus qui soit en ceste vie
N’est tant prodon ne de haut estre
Qui asséur doie jà estre.
Foz et fole, sans nule doute,
Cil et cele qui ne se doute.
N’i a si bon qui ne meschiée,
Ne si séur qui tot ne chiée
Ou qu’il ne face aucun fol saut
Quant annemis un poi l’assaut.
Théophilus fu tost chéuz,
Tost engingniez, tot decéuz,
Qui tant estoit de grant renon
C’on ne parloit se de li non.
Anemis a moult grant poissance,
Et tant set de la vieille dance
Que sa dance fet bien baler
Cieus qui plus droit cuident aler ;
Assez souvant guile et mesmainne
Ceux qui plus font la Madalaine[3] ;

  1. Le quatrième vers qui devrait rimer avec celui-ci manque au Ms. 1672, et le troisième n’est même pas au Ms. 2710.
  2. Le Ms. 7987 porte : Séus.
  3. Ms. 2710. Var. Masalaine. — Dans La Chartre aus Englois, petite bouffonnerie politique que j’ai donnée dans mon Recueil de Chants de Jongleurs et de Trouvères (Paris, Merklein, 1835), on trouve, comme au Ms. 2710, Marri Masalaine pour Marie Madeleine. L’auteur anonyme de cette jonglerie pousse même jusqu’au calembourg la décompo-