Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome II, 1839.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
NOTES

Car .i. bevrage lor fet boivre
Qu’il destrempe de vaine-gloire,
Dont toz les enivre et enherbe.
Vaine gloire est si très male herbe,
Si très cuisans et si amère
Qu’il n’est si predons nez de mère,
S’il en englot neis une goute,
Qui la mort à l’âme n’engloute.

Vaine gloire est trop mal bevrage :
Plosors en boivent, s’est domache[1].
Assez puet l’en de ceux véoir
Qui d’eux garder ont grant povoir,
Et qui mout sont rélégieuz ;
Mais il par sont si glorieux[2]
Et si farci de vaine gloire
Qu’il ne daingnent mangier ne boire
Avec lor povres compangnie.
Humilité à compangnie,
Si nos volons aucun bien fère
Qui doie à Dieu servir ne plère.
Humilité, c’en est la some,
Honist vaine glore et asome,
Et ocist orgueil et enherbe[3].
Humelités est si bonne herbe[4]
Que Dieux méismes la planta.
Ainz li douz Dieux ne se vanta
En nul escrit que nus léust
De vertu nule qu’il éust,
Fors seulement d’umelité.
Ele est de tele auctorité
Que li douz Rois de paradis
A ses apostres dit jadis
Pour ce que orgueil getassent puer,

    sition du mot secondaire ; il dit : Marri Mauvaise alaine, pour Marri Masalaine.

  1. Ces deux vers manquent au Ms. 6987.
  2. Ce vers manque au Ms. 1672.
  3. Ms. 2710. Var.
    Humilitez, c’en est la voire,
    Estrangle et murdrist vainne gloire.
  4. Ce vers manque au Ms. 1672.