Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


dans les ténèbres, nous heurtant même contre l’objet désiré. Pour ne pas te traîner par des circuits sans fin, j’omettrai les doctrines étrangères qu’il serait trop long d’énumérer et de combattre. Voici la nôtre, à nous ; et quand je dis la nôtre, ce n’est pas que je m’enchaîne à un chef quelconque de l’école stoïcienne : j’ai droit aussi de parler pour mon compte. Ainsi je serai de l’opinion de tel, j’exigerai que tel autre divise la sienne : et peut-être, appelé moi-même le dernier, sans improuver en rien les préopinants, je dirai : « Voici ce que j’ajoute à leur avis. » Du reste, d’après le grand principe de tous les stoïciens, c’est la nature que je prétends suivre ; ne pas s’en écarter, se former sur sa loi et sur son exemple, voilà la sagesse. La vie heureuse est donc une vie conforme à la nature ; mais nul ne saurait l’obtenir, s’il n’a préalablement l’âme saine et en possession constante de son état sain ; si cette âme n’est énergique et ardente, belle de ses mérites, patiente, propre à toute circonstance, prenant soin du corps et de ce qui le concerne, sans anxiété toutefois, ne négligeant pas les choses qui font le matériel de la vie, sans s’éblouir d’aucune, et usant des dons de la for-