Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/393

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différence, de la politesse. Quelques lignes plus bas, Médée reprend avec sa fureur son premier langage.

Page 291. Il me reste un manteau précieux. Voici la lourde paraphrase de ce morceau par Longepierre :

… Tu connais cette robe éclatante,
De rubis lumineuse, et d’or étincelante,
Parure inestimable, ornement précieux
Où l’art et la richesse éblouissent les yeux.
Le Soleil, mon aïeul, favorisant mon père,
Pour présent nuptial en fit don à una mère,
Et semble avoir mêlé, pour enrichir ses dons,
Le feu de sa lumière à l’or de ses rayons.
C’est, de tous les trésors où je pouvais prétendre,
L’unique qu’en fuyant Médée ait daigné prendre.

Et plus bas :

Je vais l’empoisonner, et, par mon art funeste,
Mêler un prompt venin à son éclat céleste.
Je veux que mes enfans, pour cacher ma vengeance,
En feignant d’implorer ses soins et sa clémence,
Ministres non suspects de non courroux affreux,
Portent à leur marâtre un don si dangereux, etc.
(Médée, acte iii, sc. 4.)

Corneille écrit avec plus de force et de grandeur, sinon plus pu- rement. Mais rien n’est moins tragique, selon nous, que l’idée qu’il a eue de faire désirer par Créuse la robe de Médée. Un tel caprice de femmelette ne devait point trouver place dans un sujet antique.

Et un peigne d’or, étincelant de pierreries. Nous croyons, avec Delrio, qu’il y a ici trois choses : Palla, auro textili monile fulgens, et aurum quo solent cingi comae, quodque gemmarum nitor distinguit. Euripide, à la vérité, ne parle que d’une robe et d’une couronne d’or, mais ce n’est pas une raison pour forcer le sens de la phrase latine, qui ne serait plus qu’un fatras à peine explicable, si l’on voulait n’y trouver exprimé que ce qui est dans l’auteur grec.