Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/408

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La maison est étroite et ne lui suffit pas.
Sa pâleur fait juger du mal qui la possède,
La rougeur tôt après à la pâleur succède ;
Elle verse des pleurs, et dans le même instant
Du feu sort de ses yeux qui les sèche en sortant, etc.

(Hercule mourant, acte II, sc. 1)

Page 133. Change-moi, je te prie, moi-même en quelque monstre.

Ou, s’il n’est point de monstre assez fort pour ta haine,
Fais-moi capable d’être et son monstre et sa peine.
Change, si tu peux tout, ma figure et rends-moi
Telle qu’on peint l’horreur et la rage et l’effroi.
Pourquoi perds-tu le temps à tirer de la terre
Un monstre nécessaire à lui faire la guerre ?
Pourquoi, dans les enfers cherches-tu sans effet
Tout ce qu’ils ont de pire, et ce qu’il a défait,
Si je porte en mon sein de quoi te satisfaire ? etc.

(Ibid.)

Je le suis comme toi. C’est-à-dire marâtre ; ce qui, au reste, n’est pas encore vrai ; mais la jalousie ne regarde pas à la parfaite justesse des expressions. Dans les Trachiniennes de Sophocle, Déjanire est beaucoup moins jalouse ; elle s’indigne seulement de voir Iole amenée dans son palais. « Tu parles à une femme raisonnable, dit-elle à Lichas, qui sait ce que c’est que l’homme, et combien il est peu fait pour avoir toujours les mêmes goûts. » Et plus loin : « Hercule n’a-t-il pas eu déjà plusieurs femmes en est-il aucune qui ait essuyé de mauvais traitemens de ma part ? » Dans la pièce grecque, elle est véritablement marâtre, et depuis long-temps. Dans notre auteur, au contraire, elle parle et agit comme si elle craignait pour la première fois de le devenir.

Page 135. Iole, cette captive, donnerait des frères à mes enfans !

Qu’Hercule me trahisse et qu’Iole me brave !
Qu’une jeune effrontée, une insolente esclave,
Dont le père a suivi ces peuples déconfits,
Vienne en ces lieux donner des frères à mes fils,
Et, pour avoir charmé les yeux de ce perfide,
Soit fille de Jupin et compagne d’Alcide, etc.

(ROTROU, Hercule mourant, acte II sc.2.)