Page:Sénèque - Tragédies (éd. Cabaret-Dupaty), 1863.djvu/171

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sceptre ensanglanté, la terre est grande, et toute autre contrée peut assouvir ton ambition. Ici s'élèvent les sommets du Tmole, aimé de Bacchus, au milieu d'une contrée vaste et fertile. Là s'étendent les riches plaines que le Pactole arrose de ses flots dorés. Ailleurs celles où le Méandre promène ses eaux vagabondes, et celles que l'Hèbre sillonne de ses ondes rapides, ne sont pas moins désirables pour leur fécondité. D'un autre côté, c'est le Gargare, si cher à Cérès, et le beau pays qu'entoure le Xanthe, grossi par les neiges de l'Ida. Tu peux encore choisir cette terre où la mer Ionienne perd son nom, étroitement resserrée par le détroit de Sestos et d'Abydos ; ou cette côte plus orientale qui offre aux navigateurs les ports tranquilles et sûrs de la Lycie. C'est là qu'il faut conquérir des royaumes à la pointe de l'épée; c'est là qu'il faut entraîner les vaillantes armées d'Adraste ; voilà les nations qu'il doit conquérir et soumettre à ta puissance. Suppose que c'est ton père qui règne encore aujourd'hui sur Thèbes. L'exil vaut mieux pour toi qu'un pareil retour. Ton exil, c'est le tort d'un autre ; ton retour, c'est le tien propre. Il te sera plus glorieux d'employer tes armes à conquérir un nouveau royaume que tu puisses posséder sans crime. Ton frère même joindra ses forces aux tiennes, et te servira dans cette conquête.