Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/24

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l’Etna ! Pour mieux troubler l’âme d’Hercule et la transporter d’une horrible frénésie, il faut d’abord me rendre furieuse. Je suis trop calme encore. C’est moi, c’est moi, sœurs terribles, dont vous devez premièrement bouleverser la raison, si vous voulez allumer en moi toute la rage d’une marâtre. Donnons à ma haine un autre cours. Je veux qu’il revienne ici vainqueur, et qu’il revoie ses enfants pleins de vie. Voici le jour où son courage abhorré doit trouver grâce à mes yeux. Qu’il triomphe et de lui et de moi. Qu’il souhaite de mourir après être revenu du Tartare, et qu’alors je ne regrette plus qu’il soit né de Jupiter. Je me tiendrai à ses côtés, et, pour que ses flèches atteignent leur but, je conduirai moi-même sa main. Je dirigerai les coups de sa fureur. Pour la première fois, je l’assisterai dans les combats. Qu’après son crime, Jupiter admette le coupable dans le ciel. Mettons-nous donc à l’œuvre. Le jour commence à poindre, et l’Aurore s’avance sur son char vermeil.

SCÈNE II. — CHŒUR DE THÉBAINS.

Le ciel tourne. Les corps célestes pâlissent et s’enfuient. La nuit vaincue rassemble ses feux épars. Le jour renaît, et l’astre