Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/25

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du matin chasse devant lui le cortège lumineux. Les sept étoiles de l’Ourse d’Arcadie qui brille au sommet du pôle glacé retournent le timon du Chariot, et appellent le jour. Déjà, sortant des flots d’azur, le soleil éclaire la cime de l’Œta ; déjà les verdoyants sommets du Cithéron, théâtre des fêtes de Bacchus, s’empourprent de ses rayons, et la sœur d’Apollon disparait pour revenir encore.

Les demeures s’ouvrent. Les durs travaux renaissent, et avec eux toutes les inquiétudes. Le berger conduit ses troupeaux dans les prés blanchis par la fraîche rosée du matin. Les jeunes taureaux, dont le front n’est pas encore armé de dards, folâtrent en liberté dans les pâturages, tandis que leurs mères remplissent leurs mamelles épuisées. Les chevreaux pétulants et légers bondissent çà et là sur le tendre gazon. Perchée au bout d’une branche, l’harmonieuse Philomèle, près de sa plaintive couvée, aime à déployer ses ailes au soleil nouveau. Les oiseaux en chœur mêlent leurs voix à la sienne, et saluent de concert le réveil du jour. L’aventureux nocher s’abandonne aux vents qui gonflent sa voile. Là, sur un roc mine par les eaux, le pêcheur remet un