Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/31

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et le fléau du nôtre, tandis que celui qui, sur terre et sur mer, poursuit les crimes, celui qui d’une main équitable brise les sceptres de fer, est maintenant esclave pendant son absence, souffrant luiméme les maux dont il affranchit les autres ; et l’exilé Lycus règne en souverain dans Thèbes, dans la ville d’Hercule. Mais il n’y régnera pas longtemps. Hercule va revenir, il va nous venger ; il remontera soudain vers la lumière ; et, s’il ne trouve pas une voie, il s’en fera une lui-même.

Ah ! reviens, reviens, cher époux ; reparais vainqueur au milieu de ta famille vaincue ; remonte vers nous, et brise la ténébreuse prison qui te retient. Si l’enfer s’est refermé sur toi, si tu ne trouves point d’issue pour revenir, entr’ouvre le monde, et rapporte avec toi tous les trésors que la nuit éternelle cache dans son sein. Comme on t’a vu jadis séparer deux monts pour creuser un lit aux flots impétueux du Pénée, et, d’un puissant effort de ta poitrine, créer une vallée et ouvrir tout à coup une issue nouvelle au fleuve de la Thessalie ; ainsi, pour revoir tes parents, tes enfants, ta patrie, élance-toi des enfers, et ramène avec toi les bornes du monde ; rends à la vie tout ce que le temps destructeur a fait disparaître depuis tant de siècles. Chasse devant toi les générations éteintes qui tremblent à l’aspect de la lumière.