Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/32

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Il serait indigne de toi de ne rapporter de dépouilles que celles qu’on t’a demandées.

Mais je m’égare en des vœux insensés, ignorant le sort qui nous attend. Cher Hercule ! qui me fera voir ce jour heureux où je t’embrasserai, où je baiserai ta main, où je te reprocherai ta longue absence et l’oubli de ton épouse ? Maître des dieux, je t’immolerai cent taureaux indomptés. Déesse des moissons, je célébrerai tes mystères : j’irai dans la silencieuse Éleusis, jeter discrètement de longs flambeaux sur tes autels. Je croirai alors voir mes frères rendus à la vie, et mon père lui-même assis plein de gloire sur son trône. Si une puissance invincible t’enchaîne aux enfers, je vais te suivre. Reviens ici pour nous sauver tous, ou entraîne-nous tous après toi. Ah ! tu nous entraîneras dans ta ruine, et aucune divinité ne viendra nous relever de l’abaissement où nous sommes.

SCÈNE II. — AMPHITRYON, MÉGARE.

amphitryon. — Épouse de mon fils, chaste gardienne de la couche et des enfants du magnanime Hercule, ouvre ton âme à l’espérance et ranime ton courage. Il reparaîtra plus grand, sois-en sûre, comme au retour de toutes ses entreprises.