Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour Briséis qu'il enlevait à Achille, et ne rougissait pas de l'arracher ainsi des bras de son époux. Voilà donc l'ennemi de Pâris! Maintenant, blessé d'un nouveau trait de l'Amour, il s'est épris d'une ardeur furieuse pour la prophétesse de Troie, et, couvert de trophées, après la ruine d'Ilion,il revient l'époux d'une captive et gendre de Priam. Allons, mon âme, prépare-toi : la guerre que je médite est sérieuse. Il faut frapper les premiers coups. Pourquoi différer d'un seul jour? Attendrai-je qu'il ait mis le sceptre de Pélops aux mains d'une Troyenne? Qui pourrait t'arrêter? seraient-ce tes filles, vierges encore dans ce palais, et la ressemblance d'Oreste avec son père? Ah ! plutôt sois touchée de leurs malheurs à venir et de l'orage qui s'apprête à fondre sur eux. Malheureuse ! pourquoi balancer? Voici la marâtre de tes enfants, toute bouillante de fureur. Que l'épée traverse ton flanc, s'il le faut, et commette un double meurtre. Mêle ton sang avec le sien, et perds ton époux en mourant toi-même. Il n'y a point de malheur à périr avec celui qu'on veut perdre.

La nourrice - Reine, calmez-vous et modérez vos transports. Considérez le danger de votre entreprise. C'est le vainqueur de l'Asie et le vengeur de l'Europe qui s'avance. Il traîne après lui Troie captive, et les Phrygiens vaincus après dix ans de combats. Est-ce avec la ruse et la perfidie que vous prétendez