Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/415

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Dieux puissants! calmez cette mer furieuse : ces vaisseaux portent des Grecs, mais ils portent aussi des Troyens. Nous ne pouvons en dire davantage : les flots étouffent notre voix. Un nouveau malheur fond sur nous. Armée de la foudre de Jupiter irrité, Pallas déploie pour nous perdre toute la puissance que lui donnent sa lance redoutable, son égide horrible et les feux paternels. De nouvelles tempêtes sifflent dans l'air. Seul, invincible à tant de maux, Ajax lutte encore. Au moment où il plie ses voiles, un éclat de foudre l'effleure. La déesse balance une nouvelle. foudre. De tout l'effort de son bras, elle la darde en imitant son père. Le trait enflammé traverse Ajax et son vaisseau emportant quelque débris de l'un et de l'autre. Toujours intrépide, quoique brûlé de la foudre, il s'élève comme un roc au-dessus des flots; il fend avec sa poitrine les vagues de cette mer furieuse; il saisit et entraîne son navire, et les flammes qui l'enveloppent resplendissent au milieu de l'obscurité des flots.

Enfin, debout sur un écueil, il crie d'une voix tonnante et furieuse qu'il a vaincu la mer et les feux : «Je triomphe, dit-il, du ciel, de Pallas, de la foudre et des flots. Je n'ai point reculé devant le terrible dieu des combats. Seul, j'ai soutenu les assauts d'Hector et de Mars. Les traits d'Apollon ne m'ont point ébranlé.