Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/417

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sur un roc. A peine il se dégage, qu'un autre vient le heurter par derrière, et le brise en se brisant lui-même. Dans cette extrémité, nous redoutons le rivage et préférons la mer. Enfin la tempête se calme au retour de la lumière. Troie était vengée. Le soleil reparaît, et le jour découvre à nos yeux attristés les ravages de la nuit.

Clytemnestre - Dois-je m'affliger ou me réjouir du retour de mon époux? Je m'en réjouis; mais je ne puis m'empêcher de déplorer cet affreux désastre. Toi qui ébranles le ciel de ta foudre, rends-nous les divinités favorables. Cependant, que nos fronts se couronnent d'un vert feuillage. Que la flûte sacrée fasse entendre de joyeux sons, et qu'une blanche victime soit immolée au pied des autels. Mais voici la foule plaintive des Troyennes qui s'avance, les cheveux épars. A leur tête marche fièrement la prêtresse inspirée d'Apollon, le laurier prophétique à la main.


Scène II

Chœur de Troyennes, Cassandre

Le Chœur - Quel doux supplice pour l'homme que ce fatal amour qui l'attache à la vie, quand il pourrait s'affranchir de tous ses maux, quand la mort lui ouvre ses bras comme un refuge contre la souffrance, comme un port heureux où règne un éternel repos! Aucune terreur, aucun orage soulevé par l'aveugle