Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/418

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Fortune, aucun éclat de la foudre injuste de Jupiter ne troublent cet asile. On y goûte une paix profonde : on n'a plus à craindre ni les séditions, ni la colère terrible d'un vainqueur, ni une mer agitée par la tempête, ni les armées cruelles, ni les nuages de poussière que soulèvent les escadrons barbares; ni les remparts que la flamme ennemie ravage, ni l'extermination des peuples écrasés sous leurs murailles, ni la guerre furieuse. Il est libre de tout esclavage, celui qui méprise les dieux frivoles, qui voit sans trouble les affreux rivages du Styx et de l'Achéron. Il est l'égal des rois et des habitants de l'Olympe, le hardi mortel qui ose mettre un terme à sa vie.

Oh ! quel malheur de ne savoir pas mourir! Nous avons vu tomber notre patrie dans une nuit funeste, nous avons vu les murs de Troie s'écrouler sous les feux des Grecs. Ce ne sont point les armes ni la force qui ont triomphé de nous, comme autrefois les flèches d'Hercule. Troie n'a point succombé sous le fils de Thétis et de Pélée, ni sous les coups de son ami qui, couvert du bouclier de l'impitoyable Achille, épouvanta nos guerriers par le fantôme de ce héros; ni sous l'effort d'Achille lui-