Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/530

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

où j’ai vu ton sein déchiré par le fer et ton visage souillé de ton sang !

O jour à jamais funeste ! Dès ce moment la lumière m’est devenue plus odieuse que les ténèbres. J’ai souffert la tyrannie d’une cruelle marâtre, sa haine inflexible et son regard menaçant. C’est elle, c’est cette furie qui a allumé les torches fatales de mon hymen ; c’est elle qui t’a ravi le jour, ô mon malheureux père, toi qui naguère étais maître du monde entier jusqu’au delà de l’Océan, et voyais fuir devant toi les Bretons, peuple indépendant jusqu’alors, et encore inconnu de nos guerriers. O mon père ! tu as succombé sous la perfidie de ton épouse, et ta famille est asservie au joug d’un tyran.

SCÈNE II. — LA NOURRICE D’OCTAVIE.

Vous qui vous laissez prendre à de brillants dehors, et séduire à l’éclat trompeur d’une couronne, voyez comme une révolution soudaine a renversé la puissante maison et la famille de Claude qui tenait le monde entier sous son empire, qui dompta l’Océan, et le força de porter ses vaisseaux. Voilà donc ce mortel qui mit