Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/531

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le premier les Bretons sous le joug, et couvrit de ses voiles des mers qui n’avaient jamais reçu de navires. Respecté des nations barbares et des flots, il a péri par la scélératesse de son épouse, qui bientôt après a été elle-même victime de celle de son fils. Ce fils criminel a de plus empoisonné son frère. Octavie, sa sœur et sa femme, est plongée dans la douleur. Elle ne peut plus cacher son dépit qui éclate malgré elle. Elle fuit constamment la présence de son époux qu’elle déteste autant qu’elle en est haïe.

En vain mon zèle et ma fidélité s’appliquent à calmer ses chagrins. Son cruel ressentiment lui fait repousser mes conseils ; sa généreuse indignation né peut souffrir qu’on la modère : elle s’accroît par l’excès de ses maux. Hélas ! quel crime affreux je redoute et je pressens ! Que la bonté des dieux, nous en préserve !

SCÈNE III. — OCTAVIE, SA NOURRICE.

octavie. — Quelle calamité est comparable à la mienne ! Électre, tes malheurs n’en approchent pas. Du moins il t’était permis de pleurer la mort de ton père. Tu pouvais punir ce crime par la main d’Oreste, arraché au fer de ses ennemis par ton dévouement et protégé par ta tendresse. Mais moi, la terreur