Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/62

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ciel en plein midi ? Le Lion, qui fut le premier de mes travaux, éclaire la plus belle partie du firmament. Il étincelle de fureur. Sa gueule s’ouvre comme pour dévorer quelque constellation. Son aspect est terrible et menaçant. Le feu jaillit de ses naseaux. L’or de sa crinière ondoie sur son cou. Tous les astres qui ramènent le fertile automne ou les frimas glacés de l’hiver, il va les franchir d’un bond pour attaquer le signe du printemps et briser la tète du Taureau.

amphitryon. — D’où vient ce trouble soudain ? ô mon fils ! Pourquoi porter çà et là tes yeux ardents ? Quel est ce vertige qui change ainsi pour toi la face du ciel ?

hercule. — J’ai soumis la terre et vaincu les flots orageux. Le sombre empire a éprouvé ma puissance ; le ciel seul ne la connaît pas encore. C’est une conquête digne de moi. Je vais m’élever dans les plus hautes régions du monde céleste. Oui, montons jusqu’au séjour des dieux : Jupiter m’en promet l’entrée. Mais s’il me la refuse ? Non, la terre ne peut me porter plus longtemps ; elle doit enfin me rendre au ciel, ma patrie. Le voyez-vous ? tous les dieux m’appellent de concert, et m’ouvrent l’Olympe. Une seule déesse veut me le fermer. Laisse-moi entrer, ouvre-moi le ciel, Junon, si tu ne veux pas que j’en brise la porte. Tu hésites encore ? Je vais rompre les chaînes de Saturne, et lâcher ce vieux