Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/63

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roi du ciel contre le fils impie qui l’a détrôné. Que les Titans furieux se préparent à recommencer la guerre. Je leur servirai de chef. J’enlèverai les collines avec leurs forêts, et j’emporterai les montagnes habitées par les Centaures. Je les poserai l’une sur l’autre comme des degrés pour monter au ciel. Chiron va voir l’Ossa dominer le Pélion. L’Olympe sera le dernier échelon qui me portera, ou que je lancerai jusqu’au séjour des dieux.

amphitryon. — Écarte, ô mon fils, ces pensées sacrilèges. Ton cœur est noble, mais il s’égare. Hâte-toi de calmer cette fougue insensée.

hercule. — Que vois-je ? les terribles Géants se dressent en armes ! Tityus s’est échappé du séjour des ombres, le sein déchiré, sans entrailles, et le voilà tout près du ciel ! le Cithéron s’ébranle, l’orgueilleuse Pallène tremble, et toute la vallée de Thessalie. Un’ des Titans a enlevé la cime du Pinde, un autre l’Œta. Mimas déploie toute sa fureur. L’ardente Érinnys fait retentir son fouet, et, de plus en plus près, menace ma tête de tisons enflammés. L’affreuse Tisiphone, couronnée de serpents, ferme avec sa torche en leu la porte restée sans défense depuis l’enlèvement de Cerbère. Mais j’aperçois ici cachés les enfants de Lycus, exécrable tyran. Je vais vous réunir à votre père. Que deux flèches rapides partent de mon arc : le but est digne de mes coups.