Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/87

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expérience, et félicitez-vous de votre part de douleurs. Quand me sera-t-il permis de fuir les vivants ?

mégère. — Quand tu auras porté le trouble dans ta maison, allumé la guerre, inspiré la rage des combats à ces deux rois, et rempli leurs cœurs féroces de transports furieux.

tantale. — C’est à moi de subir des peines, mais non d’en infliger. Je monte donc sur la terre comme une vapeur funeste exhalée de ses entrailles, ou comme un fléau qui doit jeter partout des semences de mort. Il me faut pousser mes petits-fils à des crimes épouvantables, moi leur aïeul ! Souverain père des dieux et le mien, dusses-tu en rougir, malgré les châtiments terribles encourus par ma langue indiscrète, je parlerai. O mes enfants, ne souillez pas vos mains par des meurtres sacrilèges ; que votre fureur n’ensanglante pas les autels. Je serai là, j’empêcherai les crimes… Impitoyable Furie, pourquoi m’épouvanter de ton fouet et me menacer de tes serpents ? Pourquoi enfoncer l’aiguillon de la faim jusqu’à la moelle de mes os ? Mon gosier s’embrase de soif, et le feu s’échappe de mes entrailles brûlantes. Je te suis.

mégère. — Cette fureur qui te possède, répands-la sur tous les membres de ta famille. Qu’ils cèdent aux mêmes transports, et que leur haine les altère mutuellement de leur sang… Ce