Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/88

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palais s’est ressenti déjà de ton entrée : il s’est ému tout entier de ton exécrable présence. Il suffit. Retourne aux gouffres de l’enfer, au fleuve que tu connais. Déjà la terre attristée souffre sous tes pas criminels. Regarde : l’eau des fontaines rentre sous le sol, les fleuves se tarissent, et un vent de feu chasse à peine devant lui quelques nuages. Les arbres palissent, leur fruit se détache et la branche reste nue. L’isthme qui retentit du bruit de deux mers qu’il divise par une terre étroite, s’est agrandi et n’entend plus que de loin le murmure des flots. Le marais de Lerne est desséché, l’Inachus a disparu, l’Alphée cache ses ondes sacrées, les sommets du Cithéron ne sont plus blanchis de neige, et le noble peuple d’Argos craint le retour de l’antique sécheresse. Le Soleil lui-même ne sait s’il doit poursuivre sa course, et guider encore la marche du jour prêt à s’éteindre.

SCÈNE II. — LE CHŒUR.

Divinité protectrice d’Argos et de Pise, célèbre par ses jeux olympiques, vous qui chérissez Corinthe, son isthme, son double