vouloir expliquer ces huit années passées à Paris par une aussi
longue interruption des fonctions de M. de Grignan. Le duc de
Vendôme ouvrit, il est vrai, en 1681, l’assemblée des communautés ; mais cette assemblée avait été convoquée par l’autorité
et permission du comte de Grignan, en l’absence du gouverneur, et différée jusqu’au 27 octobre, auquel jour seulement
le duc de Vendôme arriva à Lambesc. L’indemnité de cinq mille
francs, que les communautés depuis longtemps votaient chaque
année pour M. de Grignan, en lui refusant l’entretien de ses
gardes, lui fut encore accordée cette année, par le motif
qu’il avait, comme les années précédentes, supporté les frais extraordinaires de sa charge, en l’absence de monseigneur le duc de Vendôme, et que « si bien on avait l’avantage d’avoir présentement
monseigneur le duc de Vendôme dans la province, il y avait
apparence que ce ne serait pas pour longtemps[1]. » On voit que
le gouverneur ne laissait pas ignorer qu’il ne ferait que passer dans son gouvernement. Il se conduisit avec le désintéressement que lui commandait son intention hautement annoncée
de ne pas demeurer en Provence. Il avait, en arrivant, refusé les entrées qu’on aurait été obligé de lui faire à grands
frais dans toutes les villes par lesquelles il devait passer. L’assesseur proposa dans l’assemblée de lui faire un présent de vingt
mille livres à l’occasion de son heureuse arrivée dans la province.
Il n’accepta pas ce don, malgré les pressantes instances que lui
adressa, au nom des communautés, le coadjuteur d’Arles, alors
procureur du pays pour le clergé. Il fut décidé par l’assemblée,
que, pour vaincre ce refus, on écrirait au roi, et qu’on supplierait Sa Majesté d’obliger le gouverneur d’accepter cette
gratification ; mais il y fallut renoncer, le duc de Vendôme
ayant déclaré qu’une telle contrainte lui serait désagréable[2].
Les années suivantes, bien que les lettres de commission pour la tenue de l’assemblée fussent adressées au duc de Vendôme, elle fut toujours ouverte par le comte de Grignan, en l’absence du gouverneur, et le vote annuel des cinq mille livres atteste que cette absence continua à faire peser sur le lieutenant général les charges du gouvernement.