Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 349 —

Peut-être aussi que le ménage
Que vous faites dans le village[1]
Fait aller votre revenu
Où jamais il ne fût venu :
Ce sont raisons fort pertinentes,
D’être aux champs pour doubler ses rentes,
D’entendre là parler de soi,
Conjointement avec le Roi,
Soit aux jours, ou bien à l`église,
Où le prêtre dit à sa guise :
« Nous prierons tous notre grand Dieu
Pour le Roi, et Monsieur du lieu ;
Nous prierons aussi pour Madame,
Qu`elle accouche sans sage-femme ;
Prions pour les nobles enfants
Qu’ils auront d’ici à cent ans.
Si quelqu’un veut prendre la ferme,
Monseigneur dit qu’elle est à terme,
Et que l’on s`assemble à midi.
Or disons tous De profundi
Pour tous mes seigneurs ses ancêtres, »
Quoiqu’ils soient en enfer peut-être.
Certes ce sont là des honneurs
Que l’on ne reçoit point ailleurs :
Sans compter l’octroi de la fête,
De lever tant sur chaque bête,
De donner des permissions,
D’être chef aux processions,
De commander que l’on s’amasse
Ou pour la pêche, ou pour la chasse ;
Rouer de coups qui ne fait pas
Corvée de charrue ou de bras ;

  1. Le ménage que vous faites, votre économie, votre train de maison.