Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/531

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Viennent les parties[1], et voilà la guerre allumée. On écrit, on plaide, on retourne sur une affaire depuis le déluge ; on la ressasse, il arrive des incidents ; et avec ce petit mot, qui ne paroit qu’une envie de connoître et de s’instruire, on fait le plus grand mal du monde à des gens qui ne veulent plus plaider, et qui prétendent[2] être jugés c’est à un de nos amis que vous devez ce premier avis. Le rapporteur, homme d’esprit, fut interrompu ; on lui dit que cette affaire n’étoit pas comme il la croyoit, qu’il n’y avoit nulle contrariété, et qu’il falloit qu’il en fût mieux instruit[3] : sur cela nous allons, Monsieur le chevalier, Rochon et moi ; nous faisons voir, par les pièces mêmes de vos adversaires, que comme les Juifs ils portent leur condamnation. Rochon parla divinement. On sollicite, on va chez les présidents, chez les conseillers en trois jours on voit vingt-deux juges ; on crie, on fait du bruit, on se plaint de cette longue persécution, on réveille le dernier arrêt tout d’une voix, que vous obtintes il y a six mois : tout le monde s’en souvient encore ; tout est vif, on a de l’indignation pour cette horrible chicane[4] on met ses amis en campagne, ou plutôt ils s’y mettent eux-mêmes avec tant d’amitié, tant de chaleur, tant d’envie de vous tirer de cette oppression, que c’est leur propre affaire : ils veulent qu’on mette néant sur la requête, qu’on la mette au greffe, et que cela tienne lieu d’un arrêt qui décide tout ; car la requête civile tombe quasi toute

  1. 4. C’est la mise au bas des requêtes admises par le juge ; plus loin néant est la formule mise au bas des requêtes que le juge refusait d’admettre
  2. 5. et qui croient. (Edition de 1754.)
  3. 6. On l’assura que cette affaire n’étoît pas comme il la disoit, et qu’il n’y avoit nulle contrariété ; on lui dit qu’il falloit qu’il en sût davantage. (Ibidem.)
  4. 7. Pour cette affreuse chicane. (Ibidem.)