Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/462

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pendant ma vie de la commodité que vous en pourriez recevoir ; d’autant plus que m’en réservant le revenu, qui par le malheur des temps m’est nécessaire, je ne vois point pourquoi, dans une occasion pressante, vous ne vous tourneriez point de ce côté-là surtout ayant le bon Berbisy pour correspondant. Adieu, ma belle : je suis persuadée que personne ne sait aimer comme vous : je dirois si ce n’est moi ; mais la tendresse de la maternité est si naturelle et celle des enfants si extraordinaire, que quand je fais ce que je dois, vous êtes un prodige. Je crois pourtant qu’il y a une dose de tendresse dans mon cœur qui tient à votre personne, et dont les autres mères ne tàtent pas : ce qui me faisoit dire il y a quelque temps que je vous aimois d’une amitié faite exprès pour vous.

Le maréchal d’Estrées s’en va pour deux mois ; il verra son frère le cardinal ; il mariera tous ses enfants[1], disent nos Bretons ; enfin nous n’aurons point de gouverneur. Je suis comme M. de Grignan, je voudrois que M. de Chaulnes vous mandât autre chose que des bagatelles il y a bien des degrés entre vous chercher par mer et par terre et les secrets de l’ambassade. Je gronderois -Coulanges de quitter ce bon duc ; cependant si son voyage étoit si long, il pourroit bien faire cette incivilité.

1265. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ
A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers; mercredi 15e février.

IL sembloit, ma chère belle, qu’on n’avoit d’attache-

  1. 10. Voyez la fin de la lettre suivante, p. 459.