Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/464

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Je vous conjure de me donner la suite du roman[1], où je trouve que Pauline fait un fort bon personnage, puisqu’elle est bien avec la princesse sa mère, et qu’elle couche dans sa chambre. Ce fut une belle circonstance à son voyage de toute la France, que d’oublier l’Italie nous la prions, la première fois qu’elle ira à Rome, de ne pas oublier de voir Paris en chemin faisant.

Beaulieu me mande que la compagnie est vendue et le marquis m’écrit une petite lettre toute pleine d’amitié il me paroit accablé de bien des affaires; et moi, toujours à regretter cet oncle, qui même ne se trouve pas à Paris dans un temps où il lui feroit tant de bien. Ce seroit un malheur que le marquis ne pût pas aller en Provence. Vous avez vu par cette lettre de Mme de la Fayette, comme le pauvre M. de Montausier, après avoir été esprit et corps, penche présentement à n’être plus que corps2 cela me paroît fort bien dit. Hélas cette chute de notre pauvre abbé, c’étoit juslement n’être plus que corps[2]. Vous louez tellement mes lettres au-dessus de leur mérite, que si je n’étois fort assurée que vous ne les refeuilletterez ni ne les relirez jamais, je craindrois tout d’un coup de me voir imprimée par la trahison d’un de mes amis. Voiture et Nicole, bon Dieu, quels noms! et qu’est-ce que vous dites, ma chère enfant ?

Corbinelli, à qui je n’ai point dit votre méchanceté, vous écrira par le marquis : il va dîner avec lui chez Mme de Coulanges; il est toujours content de son esprit. M. du Bois me mande qu’il vous a envoyé son livre[3]3. Mais écoutez un miracle : la maréchale de la Ferté est

  1. LETTRE 1265. -- 1. Voyez la note 3, de Perrin, à la lettre du 26 février suivant, p. 474-
  2. 2. M. de Montausier mourut le 17 mai suivant, à l’âge de quatre-vingts ans. (Note de Perrin.)
  3. 3. Voyez la lettre du 29 janvier précédent, p. 434 et note 2.