Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/85

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il eut réglé les articles avec beaucoup de peine, il "dit « Faisons le contrat. » On y consentit; et puis il dit « Mais qui nous empêche de les marier demain? » Chacun dit « Mais des habits, mais une toilette, mais du linge. » Il se moqua de ces sottises. Monsieur de Rennes donna deux bans[1]; le lendemain il étoit dimanche, on en jeta un le matin ; à midi ils furent mariés[2]; l’aprèsdînée, la petite fille dansa comme un ange ; elle a appris[3] à Paris, du maître et de l’air de Madame la Duchesse : le lendemain c’étoit Mme du Guesclin, ayant épargné vingt mille francs de frais de noces. C’est à M. de Grignan que j’apprends cette manière, quand il voudra[4] marier quelqu’un dans son gouvernement ; toutes les deux familles ont été ravies de cette épargne. Vous ne vous souciez point du tout de cette noce; mais comme j’y étois, je songeai[5] : « Je la conterai quelque jour à ma fille. » 11 y a du bon sens à se -mettre quelquefois au-dessus des bagatelles et des coutumes. Adieu, ma chère enfant : je me promène tous les jours avec vous ; vous ne m’avez point vue, on faisoit trop de bruit à Avignon.

    régiment de Bretagne, épousa, par contrat du as mai 1689, Renée Gouret, fille de César, seigneur de Cranhac, etc. Le père du mari avait été conseiller au parlement de Bretagne.

  1. 8. « Donna la dispense de deux bans. » (Édition de 1754.)
  2. 9. « Ils furent mariés à midi. (Ibidem.)
  3. 10. « Elle avoit appris. » (Ibidem.)
  4. « Pour quand il voudra. » (Ibidem.)
  5. 12. « Je me suis dit. » (Ibidem.)