Page:Sévigné - Lettres choisies, Didot, 1846.djvu/383

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que tout me paraît comme une obéissance nécessaire. Voilà qui est bien sérieux ; mais voici la suite de mon séjour à Paris de près de quinze jours : vous savez ce que je fis le vendredi, et comme j’allai chez M. de Pomponne. Nous avons trouvé, M. d’Hacqueville et moi, que vous devez être contents du règlement, puisque enfin le roi veut que le lieutenant soit traité comme le gouverneur ; et qu’on se trouve à l’ouverture de l’assemblée comme on a fait par le passé : voilà une grande affaire. Le samedi, M. et madame de Pomponne, madame de Vins, d’Hacqueville et l’abbé de Feuquières, vinrent me prendre pour aller nous promener à Conflans. Il faisait très-beau. Nous trouvâmes cette maison cent fois plus belle que du temps de M. de Richelieu. Il y a six fontaines admirables, dont la machine tire l’eau de la rivière, et ne finira que lorsqu’il n’y aura pas une goutte d’eau. On pense avec plaisir à cette eau naturelle, et pour boire, et pour se baigner quand on veut. M. de Pomponne était très-gai ; nous causâmes et nous rîmes extrêmement. Avec sa sagesse, il trouvait partout un air de cathédrale[1] qui nous réjouissait beaucoup. Cette petite partie nous fit plaisir à tous ; vous n’y fûtes point oubliée.

La vision de la bonne femme passe à vue d’œil, mais c’est sans croire qu’il y ait plus autre chose que la crainte qui attache à Quanto. Pour le voyage de M. de Marsillac, gardez-vous bien d’y entendre aucune finesse ; il a été fort court. M. de Marsillac est aussi bien que jamais auprès du roi : il ne s’est ni amusé, ni détourné : il avait Gourville, qui n’a pas souvent du temps à donner : il le promenait par toutes ses terres, comme un fleuve qui apporte la graisse et la fertilité. Quant à M. de la Rochefoucauld, il allait, comme un enfant, revoir Verteuil et les lieux où il a chassé avec tant de plaisir ; je ne dis pas -où il a été amoureux, car je ne crois pas que ce qui s’appelle amoureux, il l’ait jamais été. Il revient plus doucement que son fils, et passe en Touraine chez madame de Valentiné et chez l’abbé d’Effiat. Il a été dans une extrême peine de madame de Coulanges, qui revient assurément de la plus grande maladie qu’on puisse avoir : la fièvre ni les redoublements ne l’ont point encore quittée ; mais parce que toute la violence et la rêverie en sont dehors, elle se peut vanter d’être dans le bon chemin de la convalescence.

le disais l’autre jour à madame de Coulanges que Beaujeu avait

  1. La maison dont il s’agit appartenait aux archevêques de Paris.