Page:Saint-Lambert - Les Saisons, 1775.djvu/346

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quois. Entrez dans l’intérieur des terres, ou même bornez-vous à parcourir les côtes, vous trouverez de grands Empires, le despotisme des princes & celui des prêtres, le gouvernement féodal, des monarchies réglées, &c. Vous verrez par-tout des loix, des opinions, des points d’honneurs différents ; & par conséquent, vous trouverez des nègres humains, des nègres barbares ; des peuples guerriers, des peuples pusillanimes ; de belles mœurs, des mœurs détestables ; l’homme de la nature, l’homme perverti, & nulle part l’homme perfectionné.

Nous traitons les nègres d’imbécilles ; il y en a de tels & ce sont des peuples isolés, que leur situation ou leur religion séparent trop du reste des hommes ; mais les peuples du Benin, de Congo, du Monomotapa, &c. ont de l’esprit, de la raison & même des arts.

Tout cela est fort imparfait sans doute : leurs Guiriots ne valent pas Horace ou Rousseau ; leurs Musiciens ne sont pas des Pergolèze, leurs Peintres des Raphaëls, leurs Orfévres des Germains.

Mais songez-vous que ces peuples n’ont encore que très-imparfaitement l’écriture ? songez-vous qu’ils n’ont pas les modèles des anciens ? Ils sont