Page:Saint-Martin - Poésies, 1860.djvu/37

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Que tout prend un autre être en ce céleste lieu,
Que l’univers renaît et que tout rentre en Dieu.
Je sens..... Hélas ! Phanor, j’aurais voulu poursuivre ;
Mais ceux qui m’écoutaient semblaient ne plus me suivre.
J’exposais devant eux de trop vastes objets,
Leur esprit absorbé dans de moindres sujets,
Etait comme étranger au sens de mes paroles ;
Frivoles, ils trouvaient tous mes discours frivoles,
Et je parlais en vain à leurs sens prévenus ;
Bientôt même leur œil ne me distingua plus ;
Aux efforts de ma voix, la puissance suprême
Dans moi, dans tout mon être, agissant elle-même,
De sa divine ardeur paraissait me brûler ;
Mais trop pure pour ceux qui m’entendaient parler,
Elle absorba les traits de ma forme grossière,
Me rendit par degré à ma splendeur première,
Et du feu primitif forma mon vêtement.
La prompte agilité de ce saint élément
Rapide me portait vers la divine enceinte ;
Mon œil, en s’élevant vers ma demeure sainte,
Apercevait de loin les spectateurs surpris.
Mais malgré ce prodige, ils sentaient peu le prix
Des leçons que ma voix leur avait fait entendre ;
Leur néant empêchait leur cœur de me comprendre.
Dès-lors, de leur destin je n’ai plus espéré ;
Cet art qu’en ma présence ils n’ont point honoré,
Loin de moi chaque jour dans leur main dégénère,
Et mon nom va bientôt se perdre sur la terre.
Quel sera votre appui dans votre obscurité,
Malheureux, poursuivis par votre iniquité ?