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326 NOUVEAUX LUNDIS.

mérite dans les seconds, et de Léopold Robert, et du loyal Schnetz, a qui est un Léopold Robert historique, visant moins haut et plus sain, » et de tous les jeunes modernes que nous savons, de ceux du jour si vivants et si présents, Gérome, Hébert, Fromentin..., tous ces jugements-portraits sont aussi vrais que distingués de couleur et de ton.

Dans des articles déjà assez anciens sur Diaz, je crois avoir remarqué une des formes habituelles de son ingénieux et bienveillant procédé. Il aurait pu le critiquer, il ne le fait pas ; mais, en décrivant comme amoureusement ses tableaux, il énerve à dessein son expression, il la subtilise et Peffrange pour ainsi dire, il la rend plus diaphane ou plus miroitante que de raison ; il donne à son propre style quelques-uns de ces agréables défauts du peintre, s’inquiétant peu, pourvu qu’il les exprime, qu’on l’accuse ensuite de les partager :

« M. Diaz, dit-il, vit dans un petit monde enchanté où les

couleurs s’irisent, où les rayons lumineux traversent des feuillages de soie, où les objets sont baignés dune atmosphère d’or ; le ciel ressemble à l’or bleu du col des paons, les gazons se mordorent, la terre scintille comme un écrin, les étoffes miroitent ou self rangent en fanfreluches étincelantes, etc‘, etc‘ »Il vous montre, en un mot, Diaz tel qu’il était en cette première manière ; à force d’être exact, il le contrefait et le grime : voyez, jugez ensuite ! il ne vous a pas trompés. Mais n’allez pas croire, cependant, d’après la caresse de sa description, qu’il ait lui-même été tout