Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 6.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

THÉOPHILE GAUTIER., 327

à fait dupe. Il vous a fait passer sous les yeux une image fidèle, une merveille de réduction toute brillantée, et il vous laisse à vous, l’homme sévère, l’arbitre inexorable du goût, l’honneur facile de prononcer, si vous y tenez, le jugement qu’il a amené, pour ainsi dire, sur vos lèvres.

Lisez-le bien dans cette suite de descriptions auxquelles ou impute une teinte d’indulgence trop uniforme : le degré de blâme ou d’approbation résulte, pour les lecteurs attentifs, du- degré d’attention et de développement qu’il y met, et aussi de la qualité de couleur qu’il y apporte. Cela dit, il est évident qu’il est un critique unique et sans pareil en son genre, le critique patient, imitatif et à toute épreuve, nullement irritable et sans colère. En ce qui est d’un jugement direct, il ne fait pas comme nous en certains moments où les nerfs nous prennent et sont les plus forts z’il n’éclate jamais. ä

III’

Les peintres anglais, lors de l’Exposition "universelle de 1855, ont été un des thèmes favoris autour desquels sa plume s’est le plus jouée. En général, littérature ou peinture, Théophile Gautier est un Français légèrement révolté, un réfractaire. Certes, il aime d’un sincère amour et Rabelais et llonsard, — le Ronsard lyrique, -’et quelques poëtes de Louis XIII, Saint-Amand, son homonyme Théophile, etc. — La Bruyère seul (cela est ä