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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/180

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après, mais Rose était avec elle, elle venait l’aider à faire ses malles. Rose n’avait pas l’intention de nous contrarier, mais elle avait été souvent réprimée pour sa faiblesse dans ces sortes d’occasions, et je ne pouvais plus me fier à elle. D’ailleurs, j’avais besoin de voir ma mère sans témoin. Je me renfonçai donc sous mes couvertures, à demi vêtue encore, et je ne bougeai pas. Ma mère passa, Rose resta avec elle une demi-heure, puis vint se coucher. J’attendis encore une demi-heure qu’elle fût endormie, puis bravant tout, j’ouvris tout doucement ma porte, et m’en allai trouver ma mère.

Elle lisait ma lettre, elle pleurait. Elle m’étreignit sur son cœur : mais elle était retombée de la hauteur de notre projet romanesque dans une hésitation désespérante. Elle comptait que je m’habituerais à ma grand’mère, elle se reprochait de m’avoir monté la tête, elle m’engageait à l’oublier. C’était comme des coups de poignard froids comme la mort dans mon pauvre cœur. Je lui fis de tendres reproches, et j’y mis tant de véhémence qu’elle s’engagea de nouveau à revenir me chercher dans trois mois au plus tard, si ma bonne maman ne me conduisait pas à Paris à l’hiver, et si je persistais dans ma résolution. Mais ce n’était pas assez pour me rassurer, je voulais qu’elle répondît par écrit à l’ardente supplication de ma lettre. Je demandais une lettre d’elle à trouver, après son départ,