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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/286

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sous serment avoir entendu claquer le fouet du follet dans les écuries, et le battoir des lavandières de nuit au bord des sources. C’est de lui que j’ai parlé dans les articles intitulés : Visions de la nuit dans les campagnes, et ses récits étaient d’une sincérité complète. Dans les dangers réels, il était plus que courageux, il était téméraire. Dans son âge mûr comme dans son enfance, il a toujours eu comme une habitude de mépriser la vie ; du moins il exposait la sienne à tout propos et pour la moindre affaire. Mais que vous dirai-je ? il tenait au terroir, il était halluciné, il croyait aux choses surnaturelles.

J’ai dit que l’automne et l’hiver étaient nos saisons les plus gaies ; j’ai toujours aimé passionnément l’hiver à la campagne, et je n’ai jamais compris le goût des riches, qui a fait de Paris le séjour des fêtes dans la saison de l’année la plus ennemie des bals, des toilettes et de la dissipation. C’est au coin du feu que la nature nous convie en hiver à la vie de famille, et c’est aussi en pleine campagne que les rares beaux jours de cette saison peuvent se faire sentir et goûter. Dans les grandes villes de nos climats, cette affreuse boue, puante et glacée, ne sèche presque jamais. Aux champs, un rayon de soleil ou quelques heures de vent rendent l’air sain et la terre propre. Les pauvres prolétaires des cités le savent bien, et ce n’est pas pour leur agrément qu’ils restent dans ce cloaque. La vie factice et