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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/294

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à La Châtre. Le curé me faisait une petite instruction de cinq minutes ; je savais mon catéchisme sur le bout du doigt dès la première semaine. La veille du jour fixé, on m’envoya passer la soirée et la nuit chez une bonne et charmante dame de nos amies. Elle avait deux enfans plus jeunes que moi. Sa fille Laure, belle et remarquable personne à tous égards, a épousé depuis mon ami Fleury, fils de Fleury, l’ami de mon père. Il y avait encore d’autres enfans dans la maison ; je m’y amusai énormément, car on joua à toutes sortes de jeux sous l’œil des bons parens, qui prirent part à notre innocente gaîté, et j’allai dormir si fatiguée d’avoir ri et sauté que je ne me souvenais plus du tout de la solennité du lendemain.

Mme Decerfz, cette charmante et excellente femme qui voulait bien m’accompagner à l’église dans mes dévotions, m’a souvent rappelé depuis combien j’étais folle et bruyante lorsque je me trouvais dans sa famille au retour de l’église. Sa mère, une bien excellente femme aussi, lui disait alors : Mais voilà un enfant bien peu recueilli, et ce n’est pas ainsi que de mon temps on se préparait aux sacremens. « Je ne lui vois faire aucun mal, répondait Mme Decerfz : elle est gaie, donc elle a la conscience bien légère, et le rire des enfans est une musique pour le bon Dieu. »

Le lendemain matin, ma grand’m