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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/295

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ère arriva. Elle s’était décidée à assister à ma première communion, non sans peine, je crois, car elle n’avait pas mis le pied dans une église depuis le mariage de mon père. Mme Decerfz me dit de lui demander sa bénédiction et le pardon des déplaisirs que je pouvais lui avoir causés, ce que je fis de meilleur cœur que devant le prêtre. Ma bonne maman m’embrassa et me conduisit à l’église.

Aussitôt que j’y fus, je commençai à me demander ce que j’allais faire ; je n’y avais pas encore songé. Je me sentais si étonnée de voir ma grand’mère dans une église ! Le curé m’avait dit qu’il fallait croire, sinon commettre un sacrilége ; je n’avais pas la moindre idée d’être sacrilége, pas la plus légère velléité de révolte ou d’impiété, mais je ne croyais pas. Ma bonne maman m’avait empêchée de croire, et cependant elle m’avait ordonné de communier. Je me demandai si elle et moi nous ne faisions pas un acte d’hypocrisie, et, bien que j’eusse l’air aussi calme et aussi sérieux que j’avais paru insouciante et dissipée la veille, je me sentis fort mal à l’aise, et j’eus deux ou trois fois la pensée de me lever et de dire à ma grand’mère : « En voilà assez ; allons-nous-en. »

Mais, tout à coup, il me vint à l’esprit un commentaire qui me calma. Je repassais la Cène de Jésus dans mon esprit, et ces paroles : « Ceci est mon corps et mon sang » ne me parurent plus qu’une métaphore ; Jésus était trop saint et trop