Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Rien du tout, j’ai fait ce que je t’ai vu faire.

— C’est très bien, cela ! dit-elle. Il y en a qui font des histoires, qui demandent à aller étudier le piano, ou qui ont un saignement de nez, ou qui prétendent qu’elles vont faire une prière de santé dans l’église ; ce sont des prétextes usés et des mensonges inutiles. Moi, j’ai supprimé le mensonge, parce que le mensonge est lâche. Je sors, je rentre, on me questionne, je ne réponds pas. On me punit, je m’en moque, et je fais tout ce que je veux.

— Cela me va.

— Tu es donc diable ?

— Je veux l’être.

— Autant que moi ?

— Ni plus ni moins.

— Accepté ! fit-elle en me donnant une poignée de main. Rentrons maintenant et tenons-nous tranquilles devant la mère Alippe. C’est une bonne femme, réservons-nous pour la D…… Tous les soirs, hors de classe, entends-tu ?

— Qu’est-ce que cela, hors de classe ?

— Les récréations du soir dans la classe sous les yeux de la D…… sont fort ennuyeuses. Nous, nous disparaissons en sortant du réfectoire, et nous ne rentrons plus que pour la prière. Quelquefois la D…… n’y prend pas garde, le plus souvent elle en est enchantée, parce qu’elle a le plaisir de nous injurier et de nous punir quand nous rentrons. La punition, c’est d’avoir son