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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/381

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à laquelle, en jouant du piano, elle tournait le dos, elle jeta des cris perçans. Nous ne prîmes guère le temps de la rassurer. Ses cris allaient attirer les nonnes ; nous nous élançâmes dans sa chambre, gagnant la porte avec précipitation, tandis que debout, tremblante, les yeux hagards, elle voyait défiler cette étrange procession sans y rien comprendre, sans pouvoir reconnaître aucune de nous, tant elle était effarée.

En un instant nous fûmes dispersées : l’une remontait à la chambre haute dont nous étions parties, et parcourait le piano à tour de bras ; une autre faisait un grand détour pour regagner la classe. Quant à moi, il me fallait aller à la recherche de mon soulier, et reprendre cette pièce de conviction s’il en était temps encore. Je parvins à ne pas rencontrer les sœurs converses et à trouver l’entrée des cuisines libre. « Audaces fortuna juvat, » me disais-je en songeant aux aphorismes que Deschartres m’avait enseignés. Et, en effet, je retrouvai le soulier fortuné qui était venu tomber dans un endroit sombre et qui n’avait frappé les regards de personne. Whisky seul fut accusé. J’eus grand mal aux genoux pendant quelques jours, mais je ne m’en vantai point, et les explorations ne furent pas ralenties.

Il me fallait bien toute cette excitation romanesque pour lutter contre le régime du couvent, qui m’était fort contraire. Nous étions assez convenablement nourries, et c’est d’ailleurs la