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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/435

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ieu parlera à votre âme. — Le priez-vous beaucoup pour moi ? — Oui, beaucoup. — Tous les jours ? — Tous les jours. — Vous voyez bien que si j’étais sage, vous m’aimeriez moins et ne penseriez pas si souvent à moi. »

Elle ne pouvait s’empêcher de rire, car elle avait ce fond de gaîté qui est le cachet des bons esprits et des bonnes consciences. Elle me prenait par les épaules et me secouait comme pour faire sortir le diable dont j’étais possédée. Puis l’heure sonnait, et elle me jetait à la porte en riant. Et je remontais au dortoir, emportant, comme par influence magnétique, quelque chose de la sérénité et de la candeur de cette belle âme.

Je n’ai dit ces détails que pour compléter le portrait de ma chère Marie Alicia, car j’aurai beaucoup à revenir sur mes relations avec elle. J’achève maintenant ma nomenclature en disant que nous avions quatre sœurs converses dont je ne me rappelle bien que deux, la sœur Thérèse et la sœur Hélène.

Sister Teresa était une grande vieille d’un beau type. Elle était gaie, brusque, moqueuse, adorablement bonne. C’est encore un de mes chers souvenirs. C’est elle qui m’avait baptisée Madcap. Elle ne savait pas un mot de français et ne pouvait, dans aucune langue, dire correctement trois paroles. C’était une Ecossaise, maigre, forte, très active, vous repoussant toujours de manière à vous attirer, se plaisant aux niches qu’on lui