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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/522

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que le sang asiatique lui montait au visage. Mais c’était un orage passager. La volonté, plus forte que l’instinct, dominait cette colère. Elle faisait un effort, pâlissait, souriait, et ce sourire, passant sur ses traits comme un rayon de soleil, y ramenait la douceur, la fraîcheur et la beauté.

Toutefois il fallait la connaître beaucoup pour l’aimer, et en général, elle était plus admirée que recherchée.

Quand elle se fit connaître à moi, ce ne fut point à demi. Elle me révéla ses propres défauts avec beaucoup de grandeur et m’ouvrit sans réserve son âme austère et tourmentée.

« Nous marchons au même but par des chemins différens, me disait-elle. J’envie le tien, car tu y marches sans effort et tu n’as pas de lutte à soutenir. Tu n’aimes pas le monde, tu n’y pressens qu’ennuis et lassitudes. La louange ne te cause que du dégoût. On dirait que tu te laisses glisser du siècle dans le cloître par une pente facile et que ton être n’a point d’aspérités qui te retiennent. Moi, disait-elle (et en parlant ainsi sa figure rayonnait comme celle d’un archange), j’ai un orgueil de Satan ! Je me tiens dans le temple comme le pharisien superbe, et il me faut faire un effort pour me mettre moi-même à la porte, où je te retrouve, toi, endormie et souriante à l’humble place du publicain. J’ai un sentiment de recherche dans le choix de mon