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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/550

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et les anges me souriaient en m’appelant ; vivre ou mourir m’était indifférent. L’empyrée m’attendait avec toutes ses splendeurs, et je ne sentais plus en moi un grain de poussière qui pût ralentir le vol de mes ailes. La terre était un lieu d’attente où tout m’aidait et m’invitait à faire mon salut. Les anges me portaient sur leurs mains, comme le prophète, pour empêcher que, dans la nuit, mon pied ne heurtât la pierre du chemin. Je ne priais plus autant que par le passé, cela m’était défendu, mais chaque fois que je priais, je retrouvais mes élans d’amour, moins impétueux peut-être, mais mille fois plus doux. La coupable et sinistre pensée du courroux du Père céleste et de l’indifférence de Jésus ne se présentait plus à moi. Je communiais tous les dimanches et à toutes les fêtes, avec une incroyable sérénité de cœur et d’esprit. J’étais libre comme l’air dans cette douce et vaste prison du couvent. Si j’avais demandé la clé des souterrains on me l’eût donnée. Les religieuses me gâtaient comme leur enfant chéri : ma bonne Alicia, ma chère Hélène, Mme Eugénie, Poulette, la sœur Thérèse, Mme Anne-Joseph, la supérieure, Elisa, et les anciennes pensionnaires, et les nouvelles, et la grande et la petite classe, je traînais tous les cœurs après moi. Tant il est facile d’être parfaitement aimable quand on se sent parfaitement heureux.

Mon retour à la gaîté fut comme une résurrection