Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/701

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en moi, il vaudrait mieux pour lui avoir une pierre au cou et être jeté dans le fond de la mer, » il a voulu parler de ce qui est le mal, et il l’a entendu d’une manière absolue toute conforme à sa doctrine. Il a dit de la pécheresse : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre, » et ses enseignemens aux disciples se résument ainsi : « Supportez les injures, le blâme, la calomnie, tous les genres de persécution de la part de ceux qui ne croient point en ma parole. » — Or, ce que le monde appelle scandale n’est pas toujours le scandale, et ce qu’il appelle l’opinion n’est qu’une convention arbitraire qui change, selon les temps, les lieux et les hommes.

— Sans doute, sans doute, disait Deschartres. Vérité en deçà, erreur au delà ; mais le bon citoyen respecte les croyances du milieu où il se trouve. Ce milieu se compose de sages et de fous, de gens capables et d’êtres stupides. Le choix n’est pas difficile à faire !

— Il y a donc deux opinions ?

— Oui, la vraie et la fausse, mères de toutes les autres nuances.

— S’il y en a deux, il n’y en a pas.

— Voyez le paradoxe !

— C’est pour l’Église orthodoxe, grand homme ! Il n’y en a qu’une ou il n’y en a pas. Vous me dites que j’aurai à respecter le milieu où la destinée me jettera. C’est là le paradoxe !