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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/702

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Si ce milieu est mauvais, je ne le respecterai pas ; je vous en avertis.

— Vous voilà encore avec votre fausse logique ! Je vous ai enseigné la logique, mais vous allez à l’extrême et rendez faux, par l’abus des conséquences, ce qui est vrai au point de départ. Le monde n’est pas infaillible, mais il a l’autorité. Il faut, dans tous les doutes, s’en remettre à l’autorité. Telle chose excellente en soi peut scandaliser.

— Il faut s’en abstenir ?

— Non ! il faut la faire, mais avec prudence quelquefois. Il faut quelquefois se cacher pour faire le bien, malgré le proverbe : Tu te caches, donc tu fais mal.

— À la bonne heure, grand homme ! Vous avez dit le mot : Prudence. C’est tout autre chose, cela. Il ne s’agit plus ni du bien, ni du mal, ni du scandale, ni de l’opinion à définir. Tout cela est vague dans l’ordre des choses humaines. Il faut avoir de la prudence ! Eh bien ! je vous dis, moi, que la prudence est un agrément et un avantage personnels, mais que la conscience intime étant le seul juge, à défaut de juges absolument compétens dans la société, je me crois complétement libre de manquer de prudence, s’il me plaît de supporter tout le blâme et toutes les persécutions qui s’attachent aux devoirs périlleux et difficiles.

— C’est trop présumer de vos forces. Vous