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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/703

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ne trouverez pas la chose si aisée que vous croyez, ou bien vous vous exposerez à de grands malheurs.

— Je ne me crois pas des forces extraordinaires. Je sais que je prendrai là une tâche très rude, aussi je m’arrange à l’avance pour me la faire aussi légère que possible. Pour cela, il y a un moyen très simple.

— Voyons !

— C’est de rompre dès à présent, dès ce premier jour où mes yeux s’ouvrent à l’inconséquence des choses humaines, avec le commerce de ce qu’on appelle le monde. Vivre dans la retraite en faisant le bien, soit dans un couvent, soit ici, ne quêtant l’approbation de personne, n’ayant aucun besoin de la société banale des indifférens, me souciant de Dieu, de quelques amis et de moi-même, voilà tout. Qu’y a-t-il de si difficile ? ma grand’mère n’a-t-elle pas arrangé ainsi toute la dernière moitié de sa vie ? »

Quand je me laissais aller à la pensée de reculer le plus possible le choix d’un état dans la vie ; quand je parlais d’attendre l’âge de vingt-cinq ou trente ans pour me décider au mariage ou à la profession religieuse, et de m’adonner, jusque-là, à la science avec Deschartres, dans notre tranquille solitude de Nohant, il n’avait plus d’argumens pour me combattre, tant ce rêve lui souriait aussi. Malgré son peu d’imagination, il m’aidait à faire des châteaux en Espagne, et finissait par croire qu’à force de m’i