Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/756

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne le laissai pas répondre. Je déclarai qu’il avait payé entre mes mains, et que, dans le trouble où nous avait si souvent mis l’état de ma grand’mère, nous n’avions songé ni l’un, ni l’autre à la formalité des quittances.

Ma mère se leva, les yeux enflammés et la voix brève : « Ainsi, vous avez reçu dix-huit mille francs, me dit-elle, où sont-ils ?

— Je les ai dépensés apparemment, puisque je ne les ai plus.

— Vous devez les représenter ou en prouver l’emploi. »

J’invoquai l’avoué. Je lui demandai si, étant unique héritière, je me devais des comptes à moi-même, et si ma tutrice avait le droit d’exiger ceux de ma gestion des revenus de ma grand’mère.

« Non, certes, répondit l’avoué. On n’a pas de questions à vous faire là-dessus. Je demande qu’on insiste seulement sur la réalité de vos recettes. Vous êtes mineure et n’avez pas le droit de remettre une dette. Votre tutrice a celui d’exiger les rentrées qui vous sont acquises. »

Cette réponse me rendit la force prête à m’abandonner. Tomber dans une série de mensonges et de fausses explications ne m’eût peut-être pas été possible. Mais, du moment qu’il ne s’agissait que de persister dans un oui pour sauver Deschartres, je crois que je ne devais pas hésiter. Je ne sais pas s’il était en aussi grand péril que je me