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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/758

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Une dévote ! une philosophailleuse ! Elle ment et se vole elle-même !

— Oh ! pour cela, dit l’avoué en souriant, elle en a bien le droit, et ne fait de tort qu’à sa dot.

— Je la conduirai, avec son Deschartres, jusque chez le juge de paix, dit ma mère. Je lui ferai faire serment sur le Christ, sur l’Évangile !

— Non, madame, dit l’avoué, tranquille comme un homme d’affaires ; vous vous en tiendrez là ; et quant à vous, mademoiselle, me dit-il avec une certaine bienveillance, soit d’approbation, soit de pitié pour mon désintéressement, je vous demande pardon de vous avoir tourmentée. Chargé de soutenir vos intérêts, je m’y suis cru obligé. Mais personne ici n’a le droit de révoquer votre parole en doute, et je pense que l’on doit passer outre sur ce détail. »

J’ignore ce qu’il pensait de tout ceci. Je ne m’en occupai point et je n’eusse point su lire à travers la figure d’un avoué. La dette de Deschartres fut rayée au registre, on s’occupa d’autre chose et on se sépara.

Je réussis à me trouver seule un instant sur l’escalier avec mon pauvre précepteur. « Aurore, me dit-il avec les larmes dans les yeux, je vous paierai, n’en doutez pas ?

— Certes, je n’en doute pas, répondis-je, voyant qu’il éprouvait quelque humiliation. La