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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/759

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belle affaire ! Dans deux ou trois ans votre domaine sera en plein rapport.

— Sans doute ! bien certainement ! s’écria-t-il, rendu à la joie de ses illusions. Dans trois ans, ou il me rapportera trois mille livres de rente, ou je le vendrai cinquante mille francs. Mais j’avoue que, pour le moment, je n’en trouve que douze mille, et que si l’on m’eût retenu la pension de votre grand’mère pendant six années, il m’aurait fallu mendier, je ne sais quel gagne pain. Vous m’avez sauvé, vous avez souffert. Je vous remercie. »

Tant que je pus rester chez ma tante auprès de Clotilde, mon existence, malgré de fréquentes secousses, me parut tolérable. Mais quand je fus installée rue Neuve-des-Mathurins, elle ne le fut point.

Ma mère, irritée contre tout ce que j’aimais, me déclara que je n’irais point au couvent. Elle m’y laissa aller embrasser une fois mes religieuses et mes compagnes, et me défendit d’y retourner. Elle renvoya brusquement ma femme de chambre, qui lui déplaisait, et chassa même mon chien. Je le pleurai, parce que c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase.

M. de Villeneuve vint lui demander de m’emmener dîner chez lui. Elle lui répondit que Mme de Villeneuve eût à venir elle-même lui faire cette demande. Elle était dans son droit sans doute, mais elle parlait si sèchement que mon cousin