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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/775

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Elle avait de petites manies qui résument bien cette mobilité inquiète. Elle achetait un chapeau qui lui semblait charmant. Le soir même, elle le trouvait hideux. Elle en ôtait le nœud, et puis les fleurs, et puis les ruches. Elle transposait tout cela avec beaucoup d’adresse et de goût. Son chapeau lui plaisait ainsi tout le lendemain. Mais le jour suivant c’était un autre changement radical, et ainsi pendant huit jours, jusqu’à ce que le malheureux chapeau, toujours transformé, lui devînt indifférent. Alors elle le portait avec un profond mépris, disant qu’elle ne se souciait d’aucune toilette, et attendant qu’elle se prît de fantaisie pour un chapeau neuf.

Elle avait encore de très beaux cheveux noirs. Elle s’ennuya d’être brune et mit une perruque blonde qui ne réussit point à l’enlaidir. Elle s’aima blonde pendant quelque temps, puis elle se déclara filasse et prit le châtain clair. Elle revint bientôt à un blond cendré, puis retourna à un noir doux, et fit si bien que je la vis avec des cheveux differens pour chaque jour de la semaine.

Cette frivolité enfantine n’excluait pas des occupations laborieuses et des soins domestiques très minutieux. Elle avait aussi ses délices d’imagination, et lisait M. d’Arlincourt avec rage jusqu’au milieu de la nuit, ce qui ne l’empêchait pas d’être debout à six heures du matin et de recommencer ses toilettes, ses courses, ses t